Ceci n’est pas une poésie.
ela ressemble à une effigie...
Cette photo d’une poésie cristalline (c’est l’effet que l’original me fait) copié à la main par une élève de 6ème, comportant des signes et accompagnée de consignes techniques de lecture, me fait l’effet d’un acte d’idolâtrie.
Voici les consignes de lecture :
- Traits rouges : liaisons.
Notons celles-ci :
"Vers les buissons-z-errent les lucioles"
"Par les joncs verts-z-où circule un frisson"
D’après ma petite fille, les élèves sont obligés de faire ces liaisons... - Les "e" colorés en rose se prononcent
- Les "e" barrés ne se prononcent pas.
Personne ne prononce : prairieu ou corolleu ! Pas plus qu'on dirait porteu ou crinièreu. Pour une raison simple : c'est ainsi que l'on apprend à parler. Bien avant d'écrire. Le signaler à des francophones attire l'attention sur un problème qui n'existe pas. Ce qui est un problème en soi car ça instaure une forme de dispersion de l'attention. Précisons à ce sujet que ce n'est pas le "e" qui ne se prononce pas (circule, spectres, prairie) mais le son qui le précède qui se prononce.
L’idolâtrie consiste à se prosterner mentalement / physiquement devant des représentations intellectuelles / matérielles de ses croyances. Des objets, dogmes, philosophies conçus, façonnés et produits en quantité auxquels on confère les attributs de la divinité immatérielle qui les a inspirés : un être omnipotent ou énergie universelle qui régule l’univers.
Mais si l’idolâtrie ensevelit le spirituel dans des postures de soumission, elle n’en supprime pas le besoin. Au contraire et paradoxalement, c’est un besoin naturel de spiritualité qui, escamoté, non satisfait, conférerait à l’acte d’idolâtrie une puissance infinie. Que l’on peut attribuer au fait que, à portée de main, l’objet de l'idolâtrie donnerait l’impression de tenir quelque chose de solide. De sécurisant…
La dichotomie qui en résulte confirme une dérivation absolue du sens :
- La foi dans une divinité originelle immatérielle répond à un besoin de spiritualité naturel chez des êtres qui se questionnent sur le sens de la vie. Son siège est en soi ; dans son esprit. Sa finalité est l’apaisement. Une communion avec le perceptible et l’imperceptible
- L’idolâtrie n’a pas de siège mais propose un spectre illimité d’options en accès libre. Notablement matérialiste, elle comporte de fortes charges émotives non verbalisées mais exprimées de façon explicite.
Cette photo me fait l’effet d’une effigie. Inerte, elle a enseveli l’acte poétique / pédagogique sous une couche de technicité dépourvue d'harmonie. Sur des directives ou défaut de directives institutionnelles, l’enseignant occupe la place du prêtre...
Dans le même ordre d’idées, notons que les comptines pour enfants ne se chantent plus par des personnes présentes mais sont écoutées sur les ondes / enregistrements ; et font l'objet d'addictions...
Quant à la logique intuitive : pourquoi un conte et une comptine...