Les jeunes se délectent de BD mais pour une raison fonctionnelle, lire des BD n’est pas lire. C'est mon avis ; je m'explique.

On lit de l’écrit pas des illustrations. La langue et le rythme de lecture des BD sont comparables à ceux des variétés/modes dont les jeunes sont fans. « Du moment qu’ils lisent ! » réagira-t-on défiant. Oui. Sauf que ne (savoir) lire que des BD, c’est de l’addiction.

Avec un livre, la lecture est dynamique : le cerveau crée ses propres représentations. Chaque lecteur est un créateur exclusif et sa création peut changer à chaque relecture. Une interaction qui entretient une correspondance fluide entre l’écrit lu, les représentations, le ressenti et l’intérêt. Et la mémorisation. Et l’envie de lire...

Avec les BD, tous les lecteurs absorbent les mêmes dessins et des impressions identiques suggérées. Le lecteur n’y apprend pas à nommer les humeurs/physionomies des personnages, l’aspect des paysages… Le déficit en termes de lecture s’accentue avec des personnages de type euro-asiatique non genrés grimaçants, hors d’eux. Captée, l’attention se fige sur des formes qui passent sans mouvements avec des scènes qui défilent dans des cadres figés.

Questionnés, des enfants ne savent pas dire si les physionomies des personnages sont des grimaces, un sourire ou l’expression d’un effort : chai pas. Il est comme ça. On le reconnaît comme ça…
Comment les enfants peuvent-ils apprendre leur langue de cette façon ?

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